#VosQuestions « Fallait-il vraiment mettre la vie du pays à l’arrêt pour un virus qui fera juste autant de morts que la grippe ? »

C’est un point de vue qui s’exprime aujourd’hui, alors que la circulation de virus a été considérablement ralentie, et que les hôpitaux retrouvent une charge de malades quasi-normale. Mais dire cela, c’est précisément oublier que ce sont les efforts auxquels tous les Français ont consenti pendant le confinement qui ont permis d’atteindre cet objectif. C’est oublier que la COVID-19 a fait à ce jour trois fois plus de morts que la grippe saisonnière : sans le confinement, tous les spécialistes sérieux s’accordent pour considérer que le bilan aurait été beaucoup plus lourd encore.

Lors du démarrage de l’épidémie dans notre pays, la courbe des contaminations et des hospitalisations était telle que nous allions tout droit vers une saturation des capacités hospitalières du pays. Et le président de la République a fait un choix : faire en sorte que les médecins n’aient pas à refuser de soigner ou de prendre en charge les patients, faute de places disponibles.

On entend souvent dire que nous vivrions dans un monde où l’Humain a de moins en moins sa place, face à l’économie : ce que nous venons de vivre – et pas seulement en France, prouve l’exact contraire !

Le confinement, c’était un choix humaniste, le seul possible, compte tenu du fait que nos ressources sanitaires, nos moyens de protection, notre connaissance du virus, nos capacités hospitalières, nos habitudes de vie aussi, ne permettaient pas d’enrayer la diffusion du virus sans mesures contraignantes et massives.

Les mesures prises par tous les pays du monde pour enrayer la pandémie, la diffusion du virus dans de nouvelles zones de la planète font que nous ne sommes pas sortis, et loin de là, de la crise sanitaire : il a fallu trois mois pour enregistrer, à l’échelle mondiale, un million de cas de COVID-19. Pour passer de 8 à 9 millions de cas, huit jour ont suffi ! c’est dire que le ralentissement brusque de l’économie que nous avons connu entre mars et mai, d’autres pays le connaissent aujourd’hui.

Le résultat de tout cela est une crise économique majeure. On mesure bien que si l’Homme prime sur l’économie, il ne peut pas y avoir de vie humaine sereine sans activité économique soutenue. D’où la nécessité aujourd’hui d’accélerer la reprise autant que la circulation du virus le permet, en conservant de la prudence nécessaire pour tenir sous contrôle les foyers d’épidémie qui peuvent ressurgir ici ou là.

Pris par le tourbillon de l’actualité, des informations qui s’enchaînent, je crois que nous ne mesurons pas à quel point notre société fait preuve de sens de l’adaptation, de capacités d’innovation, de solidarité, au travers de cette crise.

Nous avons d’ores et déjà franchi des étapes avec succès : le confinement qui a permis d’écraser la courbe de l’épidémie, la sortie progressive du confinement, aujourd’hui le redémarrage des activités. Dans les étapes à venir, sur tous les plans, les qualités dont la société a fait montre seront des atouts : pour mettre au point des thérapies, ou un vaccin contre le virus. Pour faire face à d’éventuelles résurgences épidémiques sans avoir à procéder à un nouveau confinement général. Pour accompagner dans la bonne direction – notamment sur le plan écologique - les transitions économiques dont cette crise majeure est un accélérateur.

Ce n’est donc pas en entretenant des débats inutiles sur l’utilité du confinement d’hier que nous avancerons, mais en nous appuyant sur ce que la société française a montré de plus positif. Cette période de confinement n’a pas seulement été utile pour ce qu’elle a produit de résultats positifs sur l’épidémie. Elle nous a aussi permis de mesurer, tant sur le plan individuel que collectif, nos forces et nos faiblesses. C’est, à mon sens, là-dessus que nous devons nous concentrer désormais. Car dans chaque crise, même les plus douloureuses, il y a toujours des opportunités de progresser.